Depuis 4 ans, j'organise avec les élèves un journal d'école.

Cette année ce sera réduit, peu de classe souhaitent ou peuvent participer.

J'ai lancé le projet hier. Une partie des élèves avaient participé les années précédentes.

Nous avons établi les rubriques possibles. Puis les élèves se sont inscrits.  Ce fut une véritable ruche au travail. Certains travaillent individuellement d'autres en groupe. 

Tous les élèves participent à ce projet en fonction de leurs envies ou de leurs compétences. 

Les groupes se sont organisés tout seul. Je ne suis intervenue que pour observer et poser des questions sur les contenus. 

A la fin de l'après-midi, j'ai déjà des articles terminés. 

J'attends que tout le monde ait terminé pour lancer la mise en page.

Allons-nous garder tous les articles ? Est-ce que d'autres classes vont participer ? Pour le moment nous sommes trois classes et c'est déjà très bien.

Pourquoi ce projet est important pour la vie de la classe ? et de l'école ?

- Il permet de fédérer les élèves sur un projet commun.

- Les élèves travaillent seul ou en groupe.

- Ils lisent, écrivent font des recherches sur internet ou dans des livres.

- Ils argumentent lorsqu'ils sont en groupe.

- Ils font des choix, renoncent.

- Ils acceptent la décision du groupe.

- Il permet une évaluation des élèves sans qu'il n'en aient conscience.

- Ils travaillent avec plaisir.

- Ils communiquent avec d'autres élèves et avec leurs parents.

La prochaine étape sera la mise en commun des articles, des productions.

Puis nous réfléchirons à la mise en page de ce nouveau journal. 

Mon rôle sera de soutenir, d'accompagner les enfants vers la réalisation finale de ce projet.

Il arrive d'avoir de très belles surprises avec des élèves qui sans ces projets ne s'investissent pas dans l'école.

Laissez les enfants s'exprimer. Ne leur imposez pas vos idées, vos envies.  

Lancez-vous, laissez vous surprendre.

Les vacances sont arrivées ! Un peu de repos, mettre ses idées à plat, revenir sur cette première période.

Cette année, les enfants sont remarquables par leurs attitudes. Il n'y a pas cette année, d'enfants remarquables au niveau du comportement. Ce sont des élèves avec pour certains des difficultés scolaires. 

Je fais donc mon travail d'enseignante en adaptant les supports en cherchant des solutions pour donner confiance à ces enfants. 

Ils viennent à l'école avec plaisir c'est le principal.

Au début, ils m'ont observé avec étonnement.

J'ai relancé mes conseils d'élèves, mes "je fais partager", mes projets de correspondance, mes visites en dehors de l'école. Ils adorent et adhèrent à mon fonctionnement.

Je ne fais plus d'évaluations traditionnelles en dehors de la dictée qui est un moment dans la semaine où les élèves prennent conscience de leurs connaissances et compétences en français. Comme d'habitude, ils étudient un mot puis nus regroupons toutes leurs recherches. Ensuite, j'établis une liste de mots à apprendre, ils s'entrainent en classe ou à la maison pour sa mémorisation. Et la semaine se termine par la fameuse dictée. Je note les mots réussi, c'est à dire qui sont écrits correctement en ajoutant le code de relecture. J'ai découvert cet été, le code "PACO" qui me va très bien, il est simple et facilement mémorisable pour les enfants. 

Pour le reste, les enfants apprennent en ateliers autonomes. Ils ont un plan de travail et oui ça y est j'ai réussi à les utiliser. J'ai écrit des plans de travail très simple avec 6 ateliers en français et en maths qu'ls doivent réaliser dans la semaine.

Comme support, j'utilise toujours les fiches MHM et MHF. J'ai ajouté cette année les fiches PEMF en lecture, en maths et en orthographe. Les ateliers tournent toutes les 15 minutes. En fonction des résultats et de mes observations, j'adapte la semaine suivante si besoin. Je prépare une séance bilan. Ce que j'adore dans cette pratique c'est de partir des acquis des enfants. Ils ont des connaissances qui sont reconnues. Mais il leur est aussi proposées des fiches de découvertes de nouvelles notions. Avant les vacances, ils ont eu une fiche sur les compléments. Ils savent pour certains bien retrouver les verbes conjugués et les sujets, nous allons donc travailler sur les compléments. Nous allons observer les phrases et essayer de comprendre leurs rôles dans la phrase. Ils pourront ainsi mieux intérioriser les objectifs de grammaire.

Et je pourrai évaluer leurs compétences en production d'écrit soit en texte libre soit en écrits dirigés. 

Bonnes vacances à toutes et tous.

Tout est dans le titre ! Un élève remarquable.

Cet enfant veut être reconnu, visible. Il veut montrer qu'il existe avec ses défauts et ses qualités. 

Ses défauts nous sautent aux yeux très rapidement.  Sa graphie est très irrégulière, il écrit vite sans soin dans le geste, dans la compréhension. Il parle souvent, fait des remarques aux autres élèves de la classe. Il s'agite sur sa chaise, se lève pour se balader. Il est souvent repris dans la cour de récréation car il explose, il s'agite, bouscule....

Ses qualités, elles, elles existent. Mais nous ne les voyons pas tout de suite.

Il a un regard doux, un sourire qui peut être ravageur (et oui, avec le retrait des masques). Il participe à l'oral de manière pertinente quand il est dans de bonnes conditions d'apprentissage. Son orthographe sur l'ardoise peut être parfaite. Ses compétences en calculs sont aussi bonnes sur un support plastifié qu'il peut effacer à sa guise. Il peut avoir des remarques gentilles envers ses camarades. Il peut soutenir un copain en difficultés. Il peut rire aussi. 

Mais cet enfant remarquable souffre. Il s'absente de manière régulière. Il rate ainsi des moments de vie de classe. Lorsqu'il revient il doit retrouver sa place, ses repères, prendre le train en marche car nous avons avancé dans notre histoire commune.

Tous les matins, je me demande s'il sera présent, s'il arrivera en retard ou bien s'il sera absent.

Quand il est là, j'essaye de l'intégrer à notre vie de classe, à nos projets.

Le dernier en date, ce fut la création de l'abécédaire.

Je me suis assise à côté de lui, je lui ai raconté le vote et le thème choisi par la classe, les animaux. Je lui indique les lettres qui restent, il choisit le "X". Ah le "X", y-a-t-il des animaux avec la lettre "X" en début de mot ? Comment faire pour trouver la réponse ?

Il part chercher une tablette et saisit "animaux commençant par la lettre X"

Nous arrivons sur un site, nous regardons les mots, les photos. Il choisit le "Xérus". 

Je parie que vous aussi, tout comme nous deux, ne connaissiez pas cet animal !

Il écrit le mot sur le moteur de recherche.  Il découvre en allant sur image ceci !

source : wikidia.org

Il cherche une photo pour reproduire le dessin en trouve une et le voilà qui commence à dessiner. Je lui précrise qu'il faudra ajouter la lettre "X" car c'est un abécédaire.

Je ne l'ai pas entendu pendant un moment, je suis allée observer et discuter avec les élèves de la classe. Je ne sais plus ce que eux faisaient à ce moment, ils étaient en autonomie.

Je reviens avec lui, il a presque terminé, je l'ai aidé pour le coloriage qui est un peu brouillon. Je lui montre un geste pour qu'il puisse améliorer la qualité. Il a travaillé son "X" de plusieurs manière, ce n'est pas exploitable. je décide de prendre son dessin. Je le félicite car il est allé au bout de cette activité. Il a fait partie du projet de la classe. Son dessin sera découpé et collé dans le cahier qui sert de support à notre abécédaire. Il devra retravailler la lettre tout simplement.

Je l'observe souvent car il est remarquable.

Actuellement il se met dans le coin bibliothèque et prend des magazines qu'il lit, lui qui ne lisait pendant les "chut je lis", je ne dis rien, il lit. Les autres élèves sont plus sur du travail "scolaire" c'est à dire qu'ils complètent leur plan de travail, copient une poèsie, calculent.... 

Il calcule aussi en utisant une tablette, avant il prenait la tablette pour aller sur "youtube" ce qui est interdit en classe, ou pour jouer à la mission "zygomar", une application qui se trouve sur la tablette.  Donc ce calcul, il le fait avec le site de https://monecole.fr/

Il révise ses tables de multiplication, d'addition, de soustraction. Il avance à son rythme. Mais surtout, il apprend sans sans rendre compte. Il entre dans les apprentissages. Il n'est plus dans cette colère refoulée, cette image de lui tellement négative. Il est en réussite. Il aime ce qu'il fait donc il progresse. Je l'ai constaté lorsque nous avons travaillé ensemble sur les cartes d'additions, de soustraction et de multiplication ou à d'autres moments.

Il a des compétences dont il n'a pas conscience.

Certes, il n'a pas le niveau des autres élèves de la classe.

Certes, j'ai l'impression d'avancer moins vite avec lui,

Certes, j'ai l'impression que quelque fois il me coule entre les doigts.

Certes, je me dis que pour lui la vie est compliquée.

Mais à mes yeux, cet élève remarquable fait partie de la classe et avance à son rythme. Il peut reculer, mais globalement il avance. 

Un de mes objectifs c'est que les enfants dont j'ai la charge progresse à leurs rythmes. Cette progression peut être linéaire ou prendre des chemins de traverse. Le principal c'est le résultat, c'est à dire le progrès observable.

Je ne sais plus si j'ai parlé de l'atelier légo.

Je l'ai mis en place dans le cadre des mathématiques et de l'apprentissage des fractions.

Quand ils ont vu la boite, leurs yeux se sont ouverts comme des soucoupes.

Puis j'ai pris des petits groupes pour travailler sur les fractions.

Un matin un élève "décrocheur" m'a demandé s'il pouvait aller faire des légos. Réponse de ma part "oui". Un très grand sourire est apparu sur son visage.

Ce coin est mal placé car dans le coin bibliothèque, c'est d'ailleurs un sujet de discussion lors des conseils, un élève veut le déplacer mais c'est pour le moment refusé à la majorité.

Tous les élèves vont à un moment de la semaine dans ce coin légo.

Au début, mes décrocheurs prenaient beaucoup de place. Ils construisaient en silence seul ou à plusieurs. Je les observais en silence de loin. Car ils travaillaient sans s'en rendre compte. Ils étaient capable de contruire des objets en 3D, de reproduire des personnes de leurs jeux vidéos.

Un matin un groupe vient me voir "décrocheur" ou non. Ils souhaitent présenter tous leurs légos, c'est à dire plusieurs constructions. Ils sont 5, sur les 5 il y a 2 décrocheurs. C'est un de mes objectifs, qu'ils puissent créer une histoire à partir de leurs constructions.

Et hop, les voilà qu'ils présentent leur travail et qu'ils racontent et inventent l'histoire. Un de mes décrocheurs prend la parole et raconte son histoire. Je prends une tablette pour enregistrer ce moment au niveau du son pour garder une trace de cette histoire.

A la fin les élèves expliquent comment ils ont construit leurs oeuvres, un élève présente les élèves du groupe.

Ils ont travaillé en groupe, ils ont chacun trouvé leur place.

Je leur ai demandé de prendre des photos de leurs productions car nous détruisons les productions afin que les autres élèves puissent eux aussi créer.

Je vais voir avec eux ce que nous pourrons faire avec cette histoire, un livre papier avec les photos, un livre animé avec bookcreator ( logiciel que je découvre) à voir quelle solution sera choisie par les élèves.

Les élèves travaillent partiquement tous sur un projet personnel.

Ils se sont lancés dans des exposés sur des sujets libres.

Ils arrivent en classe et se mettent sur leurs recherches sur leurs écrits.

Une élève nous a présenté un exposé sur les Etats-Unis. Ils lui ont posé des questions. Ils ont appris des choses. Et sa présentation a tellement plu qu'ils se lancent par groupes dans les recherches et l'écriture d'exposé.

Ils avancent aussi dans la construction de leurs objets en bois, principalement des animaux.

La vie est belle, ils deviennent autonomes.